Au feu ! Kergoual – 1851
Pendant la révolution, le hameau de Kergoual était agité …un nid de chouans ! Maurice Bellec, capitaine Francoeur était un chef, ses sœurs, son frère prêtre trois fois déportés …Maurice avait de quoi raconter à ses fils avant sa mort en 1819.
Le fils qui est resté à Kergoual se nommait Jean Bellec, voici ce qui s’est passé le 23 juin 1851 :
L’Incendie de Kergoual
Département du Morbihan
Sous-préfecture de Pontivy
Procès-Verbaux d’incendie
Pontivy, le 28 juin 1851
Monsieur le Préfet,
J’ai l’honneur de vous transmettre deux copies de procès-verbaux d’incendie qui m’ont été transmis par M. les maires de Pluméliau et Neuillac. Veuillez agréer, Monsieur le préfet l’expression de mes sentiments respectueux. Le sous-préfet, signé NERVE.
Département du Morbihan
Arrondissement de Pontivy
Commune de Plumeliau
Numéro 233 du plan cadastral, section E.
L’an mille huict cent cinquante et un, le vingt-trois juin à sept heures du soir, instruit qu’un incendie avait eu lieu ce jour vers dix heures du matin au Moulin à eau de Kergoual en la commune de Pluméliau, nous nous y sommes transportés pour en connaître les causes et procéder à l’estimation de la perte occasionnée par ce sinistre arrivé sur les lieux, nous avons vu la maison du moulin à eau, qui couverte de paille, était devenue la proie des flammes .
Cette maison était occupée par Jean Laudrain, meunier, et appartenant à Jean Bellec, cultivateur au dit Kergoual. Ayant interrogé la nommée Jeanne Cocoual, belle-sœur du dit Jean Laudrain (absent, étant au marché de Pontivy) pour tâcher de connaître la cause de cet incendie, elle nous a indiqué qu’étant seule à la maison, occupée des soins de ménages, Jean Bellec l’a appelée lui disant que le feu était chez elle. Ils nous ont informé que cet incendie était tout à fait accidentel et d’après les investigations que nous avons faites, nous avons été portés à croire, ainsi qu’eux-mêmes nous l’ont dit que le feu a du communiquer dans le grenier par le moyen d’un petit trou qui se trouve dans la cheminée.
Procédant ensuite à l’estimation de cette maison qui avait 14 m de longueur et deux pignons sur 3 m de hauteur et 5 m de largeur en dedans ; dans la longère de l’est, deux portes, une fenêtre et deux fendaces, les portes et les fenêtres toutes en bois réduites en cendre. Près le pignon du levant il y avait une meule et un tournant fortement endommagés, dans le pignon du couchant il y avait une cheminée avec corbeaux et manteau en bois, également dévorés par les flammes ayant de hauteur 7 m, il y avait une lucarne avec ses carreaux de bois ; la maison était garnie de dix poutres aussi réduites en cendre.
Le dommage occasionné au renable est évalué à 450
La couverture était soutenue par trois montants et un fait avec double filière nouvellement restaurés, le tout réduit en cendre évalué àa 320
Les dix poutres couvertes de barasseaux 250
Une cloison et les portes fenêtres 123
Dégâts aux murs de la maison 250
Pertes éprouvées par Bellec 1393
Jean Laudrain, fermier, avait trois lits complets, trois bancs, un pétrin, une table, trois armoires, le tout évalué à 287
Quinze draps de lit, sept nappes, toutes leurs hardes et autres effets mobiliers estimés à 150
Beaucoup d’autres ustensiles et outils curatoires, un pain de graisse et un charnier plein de lard, le tout 150
Un hectolitre de froment et les sacs 15.50
Trois hectolitres de seigle et les sacs 22.50
Un hectolitre de blé noir 5
Un hectolitre et demi d’avoine 13.50
Cordages 50
Pertes éprouvées par Jean Laudrain 693.50
Total des pertes 2086.50
Rien n’était assuré
Fait à Kergoual en Pluméliau, les jour, mois et an que dessus
Signé LE TELLIER, maire
Pour copie conforme, le sous-préfet de l’arrondissement de Pontivy ; NERVE.
Note insolite sur le frère : Louis Bellec de Kertanguy à Londres !
Jean avait plusieurs frères dont son aîné qui comme tous les Bellec étaient bien éduqués. Etonnement ce Louis Bellec a traduit la vie de Saint Louis sur 56 feuilles en breton …
Cette traduction a voyagé, tout d’abord elle est passée dans les mains du recteur de St Gérand et ainsi « Monsieur l’abbé Le Dain, recteur à St Gérand, Morbihan, possède plusieurs mystères manuscrits, parmi lesquels le suivant en dialecte de Vannes : Tragédie Saint Loeis Roue a France, trancivet de Loeis Bellec à Kergoual ble 1825″. Le recteur à donné le document à monsieur Joseph Loth qui l’a transmis à Rennes au philologiste Whitley Stokes : » Given to the philologist Whitley Stokes (1830-1909) as a souvenir of his journey to Rennes by Joseph Loth. ». Désormais ce document est préservé et consultable à la librairie de L’Université College de Londres.
Photos documents de préfecture : Anthony Le Brazidec